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Gènes et compagnie

Recherche scientifique, génétique, réflexions autour de l'anthropocène


Dr Guillaume Jouret
Médecin spécialiste, Médecine Génétique


Le syndrome de microduplication 19p13.3

Publié par Guillaume JOURET sur 28 Septembre 2018, 06:15am

Catégories : #Génétique Humaine

Qu'est-ce que c'est ?

Le syndrome de microduplication 19p13.3 est une maladie rare, dite maladie orpheline. A ce jour, peu de patients ont été rapportés dans la littérature scientifique médicale dans le monde comme étant atteints de ce syndrome.

Le syndrome de microduplication 19p13.3 est une maladie génétique, c'est à dire une maladie dont les symptômes sont causés par une modification du code génétique du patient. Cette modification peut soit être nouvellement apparue chez le patient atteint, sans que ses parents n'en soient porteurs, soit être héritée de l'un de ses parents porteur d'un remaniement chromosomique équilibré (le parent n'a pas de symptôme) qui a été transmis a l'état déséquilibré (le patient est symptomatique).

Un syndrome de microduplication est caractérisé par une duplication d'une partie d'un chromosome. A l'état normal, dans nos cellules, nos gènes sont présents en deux exemplaires : l'un hérité du père, l'autre de la mère. Lorsqu'une région est dupliquée, trois exemplaires de chacun des gènes de cette région sont donc présents chez un individu au lieu de deux. Ces gènes supplémentaires peuvent être responsables de modifications du développement du patient, ou bien passer parfaitement inaperçu, en fonction du rôle des gènes dupliqués. L'apparition de microduplications est un phénomène aléatoire et naturel dont le rôle a été essentiel dans l'évolution des espèces.

Les principaux symptômes associés au syndrome de microduplication 19p13.3 sont un retard de croissance, une microcéphalie (petite tête), un retard des acquisitions psychomotrices, un strabisme (le patient "louche"), des signes ostéoarticulaires variables, comme une dysplasie congénitale de hanche, une ostéoporose très précoce (parfois dès l'enfance). Certains patients peuvent également avoir une atteinte cardiaque, des anomalies rénales ou uro-génitales, et une immunodéficience.

Comme pour toute maladie génétique, il s'agit d'un spectre de symptômes, et chaque patient n'aura pas toutes ces atteintes, mais seulement certaines d'entre-elles.

Le syndrome de microduplication 19p13.3

Le syndrome microduplicationnel 19p13.3 : cartographie des gènes candidats et corrélations génotype-phénotype. 

G. Jouret, M. Egloff, O. Tassy, F. Giuliano, H. Karmous-Benailly, C. Coutton, V. Satre, F. Devillard, K. Dieterich, G. Vieville, K. Paul, C. Le Caignec, P. Callier, V. Marquet, C. Laroche-Raynaud, E. Bieth, C. Rooryck-Thambo, P. Pennamen, C. Angelini, J. Lévy, A. Philippe-Recasens, S. Lyonnet, G. Baujat, M. Rio, F. Cartault, S. Berg, C. Jacquin, E. Gouy, E. Landais, M. Spodenkiewicz, C. Poirsier, M. Doco-Fenzy. XXIVème colloque de l'Association des Cytogénéticiens de Langue Française, septembre 2018.  

Le locus 19p13.3 est l’une des régions chromosomiques les plus riches en gènes. Des duplications délétères de ce locus ont été rapportées chez 12 patients dans la littérature. Elles sont associées à un phénotype caractéristique incluant un retard de croissance intra-utérin avec microcéphalie, hyper ou hypotonie, déficience intellectuelle, dysmorphie faciale, anomalies des extrémités, des anomalies orthopédiques et déficit immunitaire. La récurrence de ce phénotype stéréotypé suggère l’existence d’un nouveau syndrome microduplicationnel. Pour préciser la cartographie de ces duplications, rechercher des gènes candidats et identifier des corrélations génotype-phénotype, nous avons formé une collaboration française grâce au réseau de l’Association des Cytogénéticiens de Langue Française. Nous rapportons 24 nouveaux patients présentant des duplications terminales ou interstitielles de la région chr19 :1-10000000, GRCh37. Les analyses bioinformatiques, l’examen des plus petites duplications chevauchantes pour chaque trait phénotypique, et l’utilisation de la base de donnée de modèles murins Mouse Genome Informatics via Manteia nous ont permis de proposer une cartographie des gènes d’intérêt pour les principaux traits phénotypiques.

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