La question de l’origine écologique de notre espèce demeure centrale pour comprendre son histoire évolutive. Les découvertes fossiles placent l’émergence d’Homo sapiens aux alentours de 300 000 ans. Mais où, précisément, cette émergence s’est-elle produite ?

Contexte et approche génétique

En 2019, une équipe dirigée par la généticienne australienne Vanessa Hayes publiait dans Nature une étude fondée sur l’ADN mitochondrial de populations actuelles. L’approche consistait à retracer à rebours les flux migratoires de Sapiens, afin de localiser le foyer fondateur de l’espèce. Les résultats de l’autrice semblent converger vers une région d’Afrique australe : le pan de Makgadikgadi, dans l’actuel Botswana.

Le site de Makgadikgadi

Aujourd’hui aride et recouvert de sel, ce site fut autrefois un lac immense : le plus vaste d’Afrique. Ses dizaines de milliers de kilomètres carrés abritaient un système écologique complexe : zones humides, prairies, forêts et habitats aquatiques enchevêtrés. Cet environnement isolé a fonctionné comme un réservoir de biodiversité et un refuge pour les racines de l’humanité.

Isolement et trajectoires sélectives

Les données paléoenvironnementales indiquent que nos ancêtres modernes auraient vécu dans cette région lacustre pendant des dizaines de millénaires, relativement séparés des autres populations de primates. Cet isolement reproductif, combiné à l’abondance des ressources, a pu favoriser des trajectoires sélectives singulières. L’augmentation du volume cérébral et l’hypertrophie des fonctions cognitives, déjà amorcées dans les lignées humaines antérieures, furent poussées plus en avant par l’environnement que d’autres caractères archaïques.

Dispersion et corridors biologiques

Lorsque le lac s’assécha il y a environ 10 000 ans, il ne subsistait plus qu’une plaine fissurée. Bien avant cet effondrement, la dynamique de dispersion s’était largement engagée : les flots du Zambèze et du Congo avaient servi de corridors biologiques, tandis que les premiers groupes humains avaient quitté depuis longtemps le bassin.

Conclusion

De cette cuvette aujourd’hui disparue s’est amorcé un processus de diffusion phénoménal : en quelques dizaines de milliers d’années, Sapiens occupait l’ensemble des continents. Ce foyer initial, longtemps demeuré une énigme, apparaît désormais comme un point de départ évolutif d’une espèce de primates qui a grimpé jusque sur la Lune.

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