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Gènes et compagnie

Recherche scientifique, génétique, réflexions autour de l'anthropocène


Dr Guillaume Jouret
Médecin spécialiste, Médecine Génétique


Le concept de gène égoïste, ou l’humain en tant que véhicule temporaire

Publié par Guillaume JOURET, médecin spécialiste, Génétique Médicale sur 11 Mai 2023, 16:38pm

Catégories : #Evolution, #Abiogénèse

Le concept de "gène égoïste" est un concept développé par le biologiste Richard Dawkins dans son livre intitulé "The Selfish Gene", qui apporte une lecture différente et complémentaire des théories de l'évolution basées sur les travaux de Darwin. Ce concept remet en question l'idée que les organismes individuels sont les principales unités de sélection dans l'évolution, en soutenant plutôt que les gènes sont les entités véritablement sélectionnées : les organismes, mêmes complexes tels que l’être humain, ne sont alors que les véhicules temporaires à travers lesquels les gènes se reproduisent.

Les réplicateurs

La notion de réplicateur est essentielle pour comprendre comment les gènes se comportent en tant qu'unités évolutives. Les gènes, dont les propriétés moléculaires et leur environnement cellulaire leur permettent de se répliquer, sont soumis à des processus de sélection naturelle, où certains gènes ont plus de chances d'être reproduits et transmis aux générations suivantes que d'autres. Les gènes qui confèrent aux organismes des caractéristiques avantageuses, leur permettant de mieux survivre et de se reproduire, ont tendance à se répandre davantage dans une population au fil du temps.


L'idée fondamentale derrière le concept de réplicateur est que les gènes sont les unités de base de la sélection évolutive. Les organismes individuels quant à eux, tels qu’un être humain, sont considérés comme des véhicules temporaires qui abritent les réplicateurs pour une courte période (dans l’exemple de l’humain, cette période est celle de la vie humaine, si courte à l’échelle de l’évolution) puis qui les transmettent aux générations suivantes.

Sommes-nous les véhicules temporaires de nos gènes ?

Lorsqu'on parle de l'humain en tant que "véhicule temporaire", cela fait référence à l'idée que les réplicateurs, ici nos gènes, utilisent chaque humain comme un moyen de se répliquer, une machine biologique pour se propager. Mais chaque véhicule est temporaire, puisque les réplicateurs sont voués à changer de véhicule de très nombreuses fois au cours de l’évolution, chaque changement s’accompagnant d’une somme de petites erreurs de réplication du gène, bénéfiques ou non, qui modifient les véhicule au fil des générations.


Ainsi nous jouons un rôle dans la propagation de ces réplicateurs, mais notre existence en tant qu'individus est limitée dans le temps, tandis que les réplicateurs eux-mêmes peuvent persister et se propager au fil des générations et à travers les millions d’années.

Les limites de l’évolution

Les avancées scientifiques dans le domaine de la modification génétique, la plus connue étant la  technologie CRISPR-Cas9, soulèvent des questions éthiques complexes liées à la manipulation des réplicateurs génétiques : la modification d’un gène n’a pas pour seule conséquence la modification de son véhicule, machine organique limitée dans le temps, mais bien au-delà, toute la chaîne et l’expansion des réplicateurs qui en seront issus, leur propagation au sein des générations suivantes, des populations, des millions d’années. Nous pourrions évoquer à ce titre les implications éthiques de la modification génétique humaine, c’est-à-dire l’édition du génome basée sur les technologies telles que CRISPR-Cas9, qui peut être l'outil d'intentions incontestablement bénéfiques telles que le traitement de maladies génétiques, que celui d'intentions plus contestables de laboratoires de génétique et de reproduction offrant un service de "Designer babies".

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